LES MOTS DES AUTRES… 647 285 Margaux Palluet

LES MOTS DES AUTRES…

Il n’y a pas d’âge pour réapprendre à vivre…

Il n’y a pas d’âge pour réapprendre à vivre.
On dirait même qu’on ne fait que çà toute sa vie.
Repartir.
Recommencer.
Respirer à nouveau.
Comme si on n’apprenait jamais rien de l’existence,
sauf parfois, une caractéristique de soi-même.

Françoise SaganBonjour tristesse

Égarement d’un rêve…

Je te vois tel cet oiseau aux ailes suspendues dans le ciel.
Cet espace de liberté me fait comprendre que c’est toi qui vol au-dessus de moi.
Solitaire et silencieux, j’entends ton chant amer et amoureux à jamais perdu par le temps.
Ta beauté est restée la même : petit prince des livres d’enfants.
T’accompagnes alors ce geste majestueux : le salut éternel !
Tu files sans cesse et sans bruit dans ce ciel immense où je te vois vivre enfin.

Ton rire me surprend… comme avant !
Tu me nargues de cette arrogance que j’aimais tant : l’échappement.

Tu es là, et je ne sais pas pourquoi.
Veillerais-tu sur ma vie, toi à qui je n’ai rien demandé ?

Chaque déploiement que je surprends est comme un geste d’amour
qui m’est offert par ton corps.

Combien de temps me donneras-tu pour effacer de ma mémoire ce geste
si différent de moi : le choix de ta mort ?

Non je ne brûlerai pas mes yeux de larmes si mal comprises.

Vole mon ami, vole pour ce qui reste de toi.
Ces traces de vie partout où je vais, me font savoir l’importance que je porte.
Comme une obsession mon ami, comme une obsession…

Je cherche à comprendre ce qui n’existe pas,
et je me sens encore plus forte et toujours en attente de ta voix.
Le noir ne me va pas.

Pourquoi descends-tu si près de moi, tes ailes me frôlent jusqu’à m’en étourdir ?
Je ne t’arrêterai pas si c’est là ton message ; J’ai l’envie de ces instants.
Égarement d’un rêve si souvent près de moi….  
Margaux Palluet (à Alain Gaillard)

La peur

On dit qu’avant d’enter dans la mer,
une rivière tremble de peur.

Elle regarde en arrière le chemin qu’elle a parcouru,
depuis le sommets des montagnes,
la longue route sinueuse,
qui traverse des forêts et des villages.

Et devant elle, elle voit un océan si vaste,
qu’y pénétrer ne paraît rien d’autre que devoir disparaître à jamais.
Mais il n’y a pas d’autres moyens.
La rivière ne peut pas revenir en arrière.

Personne ne peut revenir en arrière.
Revenir en arrière est impossible dans l’existence.

La rivière a besoin de prendre le risque d’entrer dans l’océan
parce que c’est alors seulement que la peur disparaîtra,
parce que c’est là… que la rivière saura, qu’il ne s’agit pas de
disparaitre dans l’océan, mais… de devenir océan
.
Khalil Gibran

La première nuit d’amour

Je ferme les yeux, et je la revois.
Je ferme les yeux et je la ressens.
Je ferme les yeux et je la touche.
Perdue, troublée, sensuelle comme la lune,
elle nous caressait encore, bien après l’aube.
Inconnue, nous la cherchions sans trop y croire.
Nous attendions…
un éclat brillant, l’éclatement d’une jouissance éternelle.
Nous attendions…
une main chaude, un regard bleu, une bouche envoutante.
Tout en nous tremblait,
et pourtant nous n’avions pas peur.
Comme une évidence qui s’installait sans le savoir.
Nos corps se sont évanouis, rejoints, ensorcelés,
aux creux de nos reins, nous nous sommes abandonnés.
De nos coeurs a coulé des larmes argentines,
de nos cuisses épuisées,
s’est assoupie l’estime qui veillait sans rien dire.

Je ferme les yeux et je la revois.
Je ferme les yeux et je la ressens.
Je ferme les yeux et je la touche.
Elle nous a surpris comme l’enfance qui s’en va,
Brûlants nos passés sur nos corps si présents.
Nous avons fermé les paupières, blottis nos rêves,
confondus nos prénoms,
et c’est alors écrit pour nous,
la première nuit d’amour…
Elle est notre soif d’aimer, ne l’abandonnons jamais.

Margaux Palluet

Le vieil homme qui plantait des arbres

Par un bel après-midi d’été, un cavalier galopait sur les routes de Provence.
Il avait soif et se maudissait de n’avoir rien emporté dans la fonte de sa selle.
Quand soudain, il aperçut un paysan qui travaillait dans un champ.
Il stoppa son cheval, et s’arrêta.
Il alla vers lui et se trouva en présence d’un très vieil homme occupé à planter.
Ils s’assirent à l’ombre d’un arbre et le vieil homme lui donna à boire de l’eau
bien fraîche de sa cruche.
Se sentant mieux, le voyageur voulu échanger quelques mots.

« Dites-moi mon bon ami, que faites-vous donc ici par cette chaleur ? »
« Je plante des oliviers » ! répliqua le vieillard.
« Mais s’étonna le voyageur, quel âge avez-vous ? »
« Presque 90 ans » !
« Sans vouloir vous offenser, pourquoi vous fatiguez-vous, à votre âge, à planter
des arbres qui ne donneront leurs récoltes que dans une dizaine d’années ?
Vous n’en mangerez hélas sans doute jamais le fruit » !
« C’est vrai, répondit le vieillard, mais toute ma vie j’ai mangé des olives venues
d’arbres que d’autres avaient plantés.
Je plante pour que d’autres puissent plus tard manger celles que j’ai plantées »…

Lorsque le voyageur remonta à cheval, il se dit que les paroles du vieil homme
l’avait autant rafraîchi que l’eau de sa cruche.

Michel Piquemal



Lettre à l’être

Lettre à toi.
Pardonne-moi mon amour, je vais faire état de toi.
État de nous.
J’ai au fond de moi, suffisamment encore de toi pour venir le dire ici,
au milieu des mots et des majuscules.
Comme cette tribune de l’existence devant moi, je vais raconter la vie,
raconter vraiment l’importance de ce qui nous a fait vivre,
penser puis renoncer et entendre l’adieu.

Je vais l’écrire et m’épuiser d’un trait.
Je vais rapprocher mes bras et resserrer l’étreinte,
autour de ces instants que nous avons écorchés et brûlés tant de fois.
Laisser des traces quelque part dans le ciel de la vie,
juste pour les confier à d’autres, les fous, les absents, les ressemblants.
Je me suis posée la question de ne jamais te le dire,
jamais te la confier,
l’histoire que l’on regrette, que l’on pleure aujourd’hui.

Le chagrin est encore là, au fond de moi, au fond de nous,
comme tous les chagrins d’amour, inépuisable,

ressemblant à tous les chagrins du monde, dégueulant sans trop savoir pourquoi,
sur ce qui n’existe plus.

Dois-je continuer à te dire je t’aime, encore et sans regret,
encore et avec envie, dois-je ? J’ai choisi.
Je te dirais encore je t’aime.
J’ai choisi de porter en haut de sa gloire,
cet amour si semblable à d’autres et si différent pourtant.
Parce qu’un amour ne ressemble à aucun autre,
même si nous savons que la forme est un dessin de plus.
La dérive à cesser le jour où tout s’est immobilisé.
Comme un arrêt brutal que l’on ne voit pas venir.
Une tâche au cœur, une autre au poumon.
Pourtant si je regarde devant moi, le voyage est là-bas…

Ferme les yeux, et souviens toi.
Que vois-tu ? Qu’entends-tu ? Que ressens-tu ?

Le monde c’était toi. J’étais la terre et je te parcourais.
T’en souviens-tu encore ?

Tout nous réunissait, et nous n’avons pas su faire,
tout nous réussissait et nous n’avons pas voulu faire,
tout nous inspirait et nous n’avons pas sût respirer.
Ce tout entre nuages et lumière, à éclaircit le voile de nos obscurités.
Le champ des impossibles nous a tout enlevé, sans comprendre.
J’interprète l’absence sans y donner de sens. Trop tard !
Et je sais que je ne comprendrais jamais…
Tu ne liras pas ces mots,
peu m’importe, il faut que je te les disent.
Aurais-je encore ce besoin de te le faire savoir ? 
N’aurais-je pas les vrais mots pour te le dire en face ?
Qu’est-ce qu’un vrai mot après tout ?

Mais je m’en fous au fond, puisque j’ai eu la chance de t’aimer.
Les autres, les fous, les absents, les ressemblants,
je leur ai déjà tout confié.

Lettre à l’être, si loin là-bas…
Margaux Palluet

Out of Africa…

Et les mots de Karen Blixen nous plonge au coeur de l’Afrique, tel un voyage fantastique…

Karen Blixen, héroïne du film Out of Africa, raconte dans son livre, sa propre histoire au cœur de l’Afrique…
Mais aussi et surtout, sa rencontre avec Denys George Finch Hatton, guide de safari, et son amour profond pour l’Afrique au milieu de Tsava, un des plus vieux et plus grands parcs du Kenya.

Ce film est un voyage… un voyage au cœur de la vie… au cœur des humains, au cœur des animaux, au cœur du Kenya… au cœur de la musique de Mozart, et au cœur de nous-même…
Un film à voir ou à revoir pour se sentir bien et partir loin, ou un livre à lire en fermant presque les yeux…

(1985 un film de Sydney Pollack – avec Meryl Streep & Robert Redford)

EXTRAITS DE SON LIVRE :
Ouverture du film :

« Il emportait même le gramophone en safari, 3 fusils, des provisions pour un mois et Mozart.
Il inaugura notre amitié par un cadeau. Et plus tard, peu de temps avant Tsavo, il m’en offrit un autre,
un incroyable cadeau !
Un aperçu du monde à travers l’œil de Dieu. Je pensais « oui, je vois… » C’est bien ainsi que cela fut conçu… »
J’ai écrit sur tous les autres, non pas parce que je les aimais moins, mais parce qu’ils étaient plus clairs,
plus simples…
Lui il m’attendait, là-bas…
Mais là, je devance mon histoire et cela lui aurait déplu…
Denis aimait à écouter une histoire bien menée.
Voyez-vous… j’avais une ferme en Afrique, au pied des collines du Ngong,

mais tout avait bien commencé avant… »

« La ligne de l’Équateur passait dans les montagnes à vingt-cinq milles au Nord ; mais nous étions à deux mille mètres d’altitude. Au milieu de la journée nous avions l’impression d’être tout près du soleil, alors que les après-midis et les soirées étaient frais et les nuits froides. L’altitude combinée au climat équatorial composait un paysage sans pareil. Paysage dépouillé, aux lignes allongées et pures, l’exubérance de couleur et de végétation qui caractérise la plaine tropicale en étant absente : ce paysage avait la teinte sèche et brûlée de certaines poteries. »

Quand Albert Einstein & Charlie Chaplin se rencontrent en 1931…

Quand Einstein a rencontré Chaplin, Einstein lui a dit :
« Ce que j’admire le plus dans votre art, c’est son universalité. Vous ne dites pas un seul mot et
pourtant, tout le monde vous comprend. »

« C’est vrai » répondit Chaplin, « Mais votre renommée est encore plus grande.
Tout le monde vous admire alors que personne ne vous comprend »…
.

Aimer tant que possible…

Les personnes sensibles ont toujours le coeur écorché,
L’âme à l’envers,
Les yeux brillants, une larme prête à couler,
Un sourire accroché aux lèvres prêt à exploser.
Elles vivent sur la balance des joies et des douleurs de la vie.
Elles ne sont pas parfaites, au contraire.
parfois elle sont même autodestructrices,
parce qu’elles respirent de la poitrine jamais des poumons.
Elles vivent à mille minutes de l’heure.

Les personnes sensibles savent sourire pour peu,
Pleurer pour un rien.
S’arrêter attristées devant un arc-en-ciel.
Sourire à un chat.
Regarder vers la mer.
Savourer l’infini de paix et de tourment.
Elles savent transformer le sable en poudre d’étoiles.
Allumer un rêve dans le noir.
Les personnes sensibles sont là assises à l’écart,
En attendant le bon moment pour vous donner
cette étreinte que vous attendiez.
Elles savent voir au-delà de l’apparence.
Au-delà d’un sourire, au-delà d’une larme.
En plus de la colère, en plus de la douleur
Parce qu’elles vivent de coeur »…

Serjio Pidro


Les planeurs

Couchés toi et moi la colline est de craie.
Couché toi à côté de moi,
Guettons le ciel et les planeurs.
Ils surgiront là, à la crête de craie,
Là ou le ciel bascule, limite.
Il en surgira un, puis deux, et trois.
Tu me serreras la main.
Ce rêve, je l’ai fait hier.
Je l’écris au futur.
Le présent des planeurs nous est interdit.

Yves Navarre – Extrait du Jardin d’acclimatation
Prix Goncourt 1980



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